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L’opinion au Japon s’est félicitée de la conclusion de ce traité[1]. À plus d’un titre il est significatif. Ébauché en 1897, au lendemain de la victoire du Japon sur la Chine, il est repris dix ans plus tard, après la victoire du Japon sur la Russie. Signé à Washington — lieu de rencontre des Américains du Sud et des Japonais, en l’absence d’une représentation diplomatique du Japon dans tous les États de l’Amérique du Sud, — il est le type des traités que le Japon veut conclure avec les autres républiques latines ; il souligne la volonté du Japon de développer son commerce avec le Chili et d’y envoyer ses émigrants et plus généralement son désir de concurrencer les Européens et les Yankees dans l’Amérique du Sud. Enfin il reconnaît la situation spéciale du Japon parmi les nations indépendantes de l’Asie et la situation spéciale du Chili parmi les républiques de l’Amérique latine.

La Toyo Kisen Kaisha a résolu de prolonger sa ligne de Callao jusqu’au Chili pour y transporter des travailleurs et en rapporter du nitrate de soude. Une dépêche de Santiago du 1er septembre[2] annonçait que le vapeur japonais Kasado Maru avait débarqué à Iquique 130 immigrants, dont 50 Chinois et 80 Japonais :

L’aspect de ces Japonais est très satisfaisant ; ils sont tous bien habillés et n’ont pas l’air d’ouvriers. Ils sont descendus au meilleur hôtel de la ville. C’est donc la première entrée d’immigrants japonais au Chili ; mais on annonce que d’autres viendront plus nombreux, par les prochains voyages du vapeur. Ce mouvement d’émigration

  1. Cf. Sun Trade Journal, décembre 1906.
  2. Publiée dans Le Figaro.