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des troubles seraient à craindre. Si ce n’est pas le cas, nous accueillerons avec plaisir vos compatriotes. »

En ville et à la campagne les travailleurs manquent ; les salaires sont très hauts et les salariés d’humeur très indépendante. La main-d’œuvre est si rare que quiconque veut travailler fixe son prix. « Des ouvriers ordinaires sont payés 8 ou 10 pesos par jour, soit 2,40 ou 3 dollars. Le salaire courant est 5 ou 6 pesos, et les ouvriers qualifiés sont payés en proportion. Même à ces prix il est impossible d’avoir assez d’hommes[1] ».

Pendant deux ou trois années au moins, la reconstruction de Valparaiso exigerait 40 000 hommes : on ne sait où les trouver. Pour nourrir les travailleurs des villes et des mines à des prix raisonnables, il faudrait une classe agricole beaucoup plus nombreuse. Où prendre ces émigrants ? Dans l’Argentine voisine ? Mais l’Argentine manque aussi de bras. En Europe ? L’Europe est trop éloignée, et les Européens qui viennent au Chili sont plutôt commerçants, ingénieurs, mineurs qu’agriculteurs et ouvriers. Reste à l’Extrême-Orient. Au début de 1907, un homme d’affaires chilien était au Japon pour placer des nitrates, développer les relations commerciales entre les deux pays et, comme représentant du gouvernement de Santiago, encourager l’émigration japonaise vers le Chili. Le gouvernement offre 40 acres de bonne terre à chaque colon, 20 acres de plus pour chaque fils de dix-huit ans et au-dessus, une paire de bœufs, un jeu d’instruments aratoires et 15 dollars comptant par

  1. Sur tout ceci, cf. un rapport du consul américain à Valparaiso dans Monthly consular and trade reports, n° 310. March 1907.