Page:Aubert - Américains et Japonais, 1908.pdf/268

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

cèrent. Les marchandises qu’ils envoyaient alors sont les mêmes qu’aujourd’hui, « des épices, des drogues, des porcelaines chinoises ou japonaises, des calicots, des soies ». Les Japonais espèrent que leurs produits auront sur la concurrence européenne, le même avantage qu’autrefois ils eurent sur la concurrence espagnole :

Les articles de l’Extrême-Orient sont non seulement mieux accommodés au climat chaud, et plus plaisants que ceux de l’Europe, mais ils peuvent être vendus à plus bas prix ; et les profits qu’on en tire sont, si considérables qu’ils enrichissent ceux qui les apportent de Manille et ceux qui les vendent en Nouvelle Espagne… Quand la flotte arrive d’Europe à Vera-Cruz, elle trouve souvent les besoins du peuple déjà pourvus par des articles meilleur marché et préférables[1].

L’exode des Japonais vers Callao depuis 1899 n’est donc que la reprise d’un mouvement esquissé il y a près de trois siècles. Ils reviennent en nombre au Mexique et au Pérou comme jadis. Et ils y viennent, maintenant que leur pays s’est haussé au rang de grande puissance, avec des ambitions d’influence : « D’après ce que j’ai appris des ministres et des capitalistes du Pérou, si les émigrants japonais s’établissent à perpétuité dans le pays, ils seront les bienvenus… Mais s’ils y viennent en grand nombre et que, pour des riens, ils provoquent des désordres, on ne peut pas dire que l’antijaponisme ne s’y développera pas. C’est un point à surveiller. Il ne faut donc pas que ces émigrants se sauvent au Japon aussitôt

  1. Cité par Murdoch et Yamagata. A history of Japan during the century of early foreign intercourse (1542-1651). Kobé, p. 601.