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qu’un pays soit déjà très prospère, très industrialisé pour attirer des émigrants blancs, main-d’œuvre aristocratique qui, en pays tropicaux ou semi-tropicaux, ne peut se plaire ni au gros œuvre de la terre, ni au contact des races qu’elle traite en inférieures. C’est l’énergie neuve et peu gâtée des Jaunes qui convient à ces terres vierges : « Au Pérou sauf les Nègres, les Chinois et les Japonais, aucun immigrant n’a réussi… Présentement, pour avoir des immigrants, il doit recourir à l’Extrême-Orient, car aucun moyen direct de communication n’existe avec d’autres terres à émigrants. Les Péruviens n’aiment pas les Chinois : ils sont donc obligés de recourir à des travailleurs japonais[1]. »

À l’exemple des États-Unis, les Péruviens en viendront-ils à fermer leur pays aux Japonais ? Cela n’est pas à redouter : « Au Pérou, comme dans la plupart des pays de l’Amérique du Sud, les gouvernements sont faibles, ils ne pourront donc jamais refuser, avec une grande énergie, d’accepter des immigrants japonais[2]… Les habitants n’ayant pas grande activité, ces lieux sont particulièrement propices aux Japonais pour y travailler[3]. » Donc point de craintes à avoir et le moment est venu d’y émigrer :

Pendant longtemps ces pays ont été ébranlés par des guerres civiles qui en retardèrent le développement, mais le calme s’est rétabli. Pour avoir des travailleurs, ces pays accordent le passage gratuit sur les chemins de fer et les

  1. Toyo Keizai Shimpo, 25 mars 1907.
  2. Tôkyô Keizai Zasshi. Les Émigrants japonais et l’Amérique du Sud, 20 octobre 1906.
  3. L’Amérique du Sud et le Mouvement antijaponais de l’Amérique du Nord, par Tsukahara Shuzo, op. laud.