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lement alimentée par le commerce et les émigrants japonais :

Le nombre des Chinois qui, au Pérou, exploitent les mines ou cultivent la canne à sucre dépasse 60 000. À Lima, les Chinois sont employés dans de grands magasins d’épices. Les marchandises leur sont expédiées deux ou trois fois l’an par les commerçants de Hong-Kong qui nolisent alors un navire d’environ 3 000 tonnes. C’est maintenant la Toyo Kisen Kaisha qui transporte ce fret de Hong-Kong. Les marchands chinois trouvent un gros avantage à l’établissement de cette ligne vers l’Amérique méridionale[1].

Ainsi l’établissement d’un courant d’émigration et de commerce japonais vers l’Amérique du Sud se présente comme une entreprise nationale : une compagnie de navigation et des compagnies d’émigration en ayant pris l’initiative sont encouragées et subventionnées par le gouvernement du Mikado qui, pour renseigner, protéger, encadrer sujets et marchandises du Japon, doit avoir là-bas des consulats et des légations. Pour cette croisade, on mobilise la nation ; elle doit répondre à l’appel, verser ses capitaux au fonds de guerre ; que toutes les forces vives donnent, ouvriers, agriculteurs, commerçants, qu’ils s’emploient à promouvoir outre-mer l’influence du Japon.

Et soigneusement l’on prépare cette œuvre d’opticisme, d’audace, de discipline ; il faut convaincre les masses, trouver le fret en hommes et en marchandises qui alimentera la ligne. Les richesses de l’Amérique du Sud sont complémentaires de celles du Japon : là-bas d’immenses territoires, encore inexploités quoique

  1. Toyo Keizai Shimpo. La Prospérité de la ligne japonaise vers l’Amérique du Sud, 15 juillet 1906.