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Quatre voyages ont déjà été entrepris par les navires de notre compagnie, mais chaque fois, à peine étaient-ils chargés de 150 ou 200 tonnes de marchandises et, comme passagers ordinaires, d’un ou deux Japonais. Organiser ce service, c’était peut-être trop se hâter. Toutefois, si, sous prétexte que le commerce n’est pas satisfaisant, on le néglige, d’autres s’en empareront ; aussi notre compagnie a-t-elle devancé toutes les autres… Lorsque l’on commença de lancer ce service, la question avait été agitée si nous ne devions pas prendre nous-mêmes l’initiative d’établir le commerce. On y renonça, car la Toyo Kisen Kaisha eût fait concurrence aux négociants japonais. Mais s’ils hésitent encore, la compagnie s’y décidera… Que nos négociants fassent des sacrifices, qu’ils visitent l’Amérique du Sud et se rendent compte de ce que nous avançons : l’Amérique méridionale est une terre d’avenir pour notre commerce[1].

La prospérité de cette ligne japonaise entre l’Extrême-Orient et l’Amérique du Sud ne sera pas seu

  1. Tôkyô Keizai Zasshi, 3 novembre 1906 : Le Commerce avec l’Amérique et la ligne de navigation vers l’Amérique du Sud, par Shiraishi Motojiro. Pour transformer en service régulier sa ligne de l’Amérique du Sud, la Toyo Kisen Kaisha a commandé aux chantiers Mitsubishi à Nagasaki 3 navires de 12 000 tonnes ; le premier devait être prêt en novembre 1907, les deux autres en mai 1908. Ils devaient remplacer sur la ligne de San Francisco les trois navires actuellement en service et qui auraient été alors affectés à la ligne de l’Amérique du Sud. Mais il est question d’une fusion de la Toyo Kisen Kaisha avec la Nippon Yusen Kaisha. Les frais d’établissement des deux compagnies sont énormes, et leur trafic ne se développe pas aussi rapidement que leur tonnage. Le Taiyo de novembre 1907 annonçait même que la Toyo Kisen Kaisha allait suspendre son service de l’Amérique du Sud. Suspension temporaire, sans doute, jusqu’au moment ou le mouvement d’émigration vers les républiques latines sera plus développé. Car à juger par le communiqué de l’entrevue entre les représentants des compagnies d’émigration et le comte Hayashi, (cf. p. 252) et aussi par le contrat passé entre le Japon et la compagnie des Chargeurs réunis (cf. p. 274) l’idée de pousser des émigrants vers l’Amérique du Sud n’est pas abandonnée.