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avait parlé, attisait les convoitises des marchands espagnols que les Franciscains, en lutte avec les Jésuites portugais, poussaient aussi vers le Japon. Le Shôgun Ieyasu finit par publier un édit permettant à ces bateaux d’aborder.

Ainsi mêlés, malgré eux, au commerce transpacifique entre les Philippines et la Nouvelle Espagne, parce qu’ils se trouvaient sur la route tracée par les courants, les Japonais ne tardèrent pas à s’y intéresser activement. Vers la fin du XVIe siècle, des Japonais résidaient au Mexique. Le Shôgun Ieyasu, qui était très désireux de développer le commerce du Japon et de créer une marine marchande, envoya une ambassade au Mexique avec de riches présents pour le roi d’Espagne et le vice-roi de Nouvelle Espagne : il voulait nouer des relations commerciales entre le Japon et le Mexique sans passer par Manille seule de toutes les possessions espagnoles, Manille pouvait commercer directement avec la Nouvelle Espagne, sans passer par Séville. C’était pour elle une source de très gros gains. Manille était devenue l’entrepôt des marchandises extrême-orientales ; ses rapports avec la Chine l’avaient peuplée de Chinois qui vivaient sous le protectorat espagnol. Au début, elle trafiqua avec Callao au Pérou, ensuite avec Acapulco sur la côte de la Nouvelle Espagne[1].

La tentative du Japon pour établir des relations directes avec la Nouvelle Espagne fit long feu ; en 1636, le Shogun décrétait « qu’aucun navire japonais n’avait la permission d’aller à l’étranger ; que

  1. Cf. Murdoch et Yamagata, A history of Japan during the century of early foreign intercourse (1542-1651). Kobé, 1903.