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Pour décider les émigrants à partir il ne suffit pas d’éclairer leur ignorance, il faut rapprocher les distances :

Jusqu’aujourd’hui, de Hong-Kong, plusieurs fois l’an, des voiliers partaient pour Callao. Les Chinois avaient organisé un service de paquebots, mais, après un ou deux essais, ils abandonnèrent leur entreprise. Aussi les personnes, qui d’Extrême-Orient désiraient se rendre dans l’Amérique du Sud, avaient à gagner d’abord les États-Unis, puis de là à se diriger, non sans détours, vers le sud : on mettait quarante-six ou quarante-sept jours de Yokohama à Callao. Avec le nouveau service de la Toyo Kisen Kaisha, ce sera une affaire de trente-six ou trente-sept jours[1]… Le gouvernement impérial s’est rendu compte que cette ligne est nécessaire au développement de l’émigration et du commerce japonais. Il paraît qu’il est décidé à la subventionner. Bientôt l’Amérique du Sud sera un champ favorable à l’émigration japonaise, quand les moyens de communication seront devenus aussi bons qu’ils le sont entre le Japon et l’Amérique du Nord[2]… C’est pour développer l’influence japonaise que notre compagnie s’est décidée à organiser un service direct avec l’Amérique du Sud. Les navires qui prennent la mer, ce sont, pour user d’une comparaison militaire, les éclaireurs en avant-garde de l’armée. Les éclaireurs sont souvent tués ou faits prisonniers… Mais lorsque la guerre est commencée, les citoyens s’empressent, par des versements volontaires, d’entretenir le fonds de guerre ; de même nos compatriotes doivent nous aider en nous fournissant beaucoup d’émigrants et en développant les échanges[3]… Le commerce du Japon avec l’Amérique du Sud n’existe pas encore.

  1. Tôkyô Keizai Zasshi, 9 février 1907 : Les Émigrants vers l’Amérique du Sud et les marchandises japonaises, par Ito Kôjiro.
  2. Toyo Keizai Shimpo, 25 mars 1907.
  3. Tôkyô Keizai Zasshi, 20 octobre 1906 : L’Amérique du Sud et le Mouvement antijaponais de l’Amérique du Nord, par Tsukahara Shuzo, vice-président de la Toyo Kisen Kaisha.