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La longue frontière de terre commune au Mexique et aux États-Unis est un autre attrait pour le Japonais ; déjà par cette frontière, la fraude a commencé, depuis que les Américains ont fermé leurs ports. Si les ports canadiens se ferment aussi, au Mexique, seul guichet par où se glisser désormais dans l’Amérique du Nord, l’affluence japonaise augmentera[1]. Un peu malgré lui et même si les Japonais ne lui créent aucune difficulté, le gouvernement du Mexique sera peut-être obligé, quand la fraude sera patente, de prendre à la demande des États-Unis des mesures analogues à celles que les

  1. Le 30 juillet 1907, l’agence Havas recevait de Washington la dépêche suivante : « Le State department a engagé des négociations avec le Mexique au sujet de l’immigration de coolies japonais aux États-Unis par la frontière du Mexique. Cette immigration a pris des proportions telles que les inspecteurs ne peuvent plus l’arrêter. On croit que le Mexique va imposer une taxe élevée sur les Japonais entrant sur son territoire, comme l’avait fait le Canada pour les Chinois. » Le rapport du commissaire de l’immigration indique que du 5 janvier au 15 juin 1907, 1 548 Japonais furent admis par la frontière mexicaine. Le 12 décembre 1907, de Washington on télégraphiait à l’Evening Post : « En dépit de l’extrême vigilance des agents de l’immigration le long de la frontière mexicaine, on estime que depuis trois ou quatre mois près de 20 000 travailleurs japonais se sont introduits dans le Texas, New Mexico et Arizona. Selon les renseignements reçus ces Japonais sont pour la plupart des hommes qui ont été importés pour travailler sur les chemins de fer mexicains. À peine ont-ils pris leurs pelles et leurs pioches sur les chantiers qu’ils les abandonnent, et, quand l’employeur a le dos tourné, ils gagnent le Rio Grande. Le Bureau américain de l’immigration a sur la frontière autant d’inspecteurs que la subvention du Congrès lui en accorde, mais il est impossible de garder des rivières et des déserts sur des centaines de milles. » Le 21 janvier 1908, le comte Hayashi a dit que le ministère des Affaires étrangères se proposait de défendre l’émigration japonaise au Mexique, et estimant que toute personne qui y envoie des émigrants a l’intention de les aider à entrer aux États-Unis, de la traiter comme un délinquant.