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Or le gouvernement de Tôkyô ne peut empêcher les 60 000 Japonais des Hawaï de passer au Canada[1], et à supposer qu’il veuille vraiment arrêter l’émigration de ses nationaux dans l’Amérique du Nord, en interrompant tout départ vers les Hawaï, y réussira-t-il[2] ?

    Japonais d’entrer soit par des lois d’exception, soit par des manifestations hostiles.

  1. Rapportant une interview qu’il eut à San Francisco, avec M. Aoki, ex-ambassadeur du Japon, le correspondant de The Tribune, le 5 janvier 1908, écrivait : « Plus de 300 Japonais sont arrivés, hier à Vancouver, venant de la frontière américaine et plus de 1200 autres doivent venir d’Honoloulou durant le mois de janvier. Toutes les places à bord des steamers australiens partant de ce port pendant les 6 premiers mois de l’année sont prises par des Japonais. En théorie, le gouvernement de Tôkyô n’exerce aucun contrôle sur ses sujets vivant à Honoloulou et ne peut les empêcher d’émigrer. » Le gouvernement du Canada, ainsi menacé, vient d’amender certains articles de la loi d’immigration : les émigrants entrant au Canada devront venir directement de leur pays d’origine ou de leur pays d’adoption. Cette loi, qui est générale s’applique aux Japonais venant des Hawaï ou du Mexique.
  2. Comme le cas est le même que pour les États-Unis, cf. ch. VI, p. 345-352. Comme les Japonais jugent qu’ils sont indispensables dans l’ouest du Canada, ils n’obéiront pas volontiers à l’interdiction d’y émigrer. « Le développement du Canada est dû en grande partie aux travailleurs japonais » observe le comte Okuma. Interview dans l’Asahi Shimbun, 15 novembre 1907, à propos de l’arrivée à Tôkyô de M. Lemieux.