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d’ouest en est, rejoint la côte californienne où il se divise, oblique vers le sud et, sous le nom de courant de Californie, revient se perdre dans le courant nord-équatorial. Ainsi dans le cadre des deux façades américaine et japonaise s’inscrit la boucle de ce grand fleuve chaud ou tiède qui coule entre des rives d’eau froide — ligne précise et sûre de relations sur la surface océane.

Ce grand siphon coudé, une fois amorcé par les Espagnols au XVIe siècle, aspira un fort trafic d’hommes et de marchandises entre le Mexique, les Philippines et le Japon. Les Espagnols du Mexique furent les premiers des Européens à établir des relations transpacifiques. Ils avaient eu la chance d’aborder et d’occuper dans sa partie la moins épaisse le continent américain qui leur barrait la route de mer vers l’Orient ; cette bande de terre fut vite franchie : en 1513, Nunez de Balboa découvrit d’un promontoire du Nicaragua l’océan Pacifique ; les premiers colons des Philippines partirent de la Nouvelle Espagne. En se confiant au courant nord-équatorial, les galions allèrent directement d’est en ouest, d’Acapulco à Manille. Mais au retour, des Philippines au Mexique, vents et courants les entraînaient vers les îles du Japon ; le Kouro-Chivo les menait le long de la côte orientale des îles japonaises, leur faisait traverser le Pacifique au nord du 40° de latitude, jusqu’au courant de Californie qui les faisait virer ; alors ils n’avaient plus qu’à suivre la côte américaine pour regagner Acapulco. En passant près des îles japonaises, les bateaux espagnols se brisaient souvent et, en abordant, risquaient toujours de se perdre ; mais le mirage des richesses de Cipango, dont Marco Polo