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mission au Japon : il lut une lettre du comte Hayashi qui déclarait que le gouvernement japonais n’insisterait pas sur la jouissance complète des droits et privilèges accordés par le traité de 1894 aux citoyens japonais au Canada, puisque les stipulations de ce traité s’y heurtent à des conditions spéciales. Le gouvernement japonais a décidé de prendre des mesures pour restreindre l’émigration au Canada, autant que cela est compatible avec l’esprit du traité et la dignité de l’État. Au cours des négociations, des règlements très sévères, accompagnés d’instructions aux gouverneurs locaux et aux consuls japonais, ont été élaborés et loyalement mis en vigueur. La compagnie d’immigration responsable de l’afflux des immigrants en Colombie britannique a été supprimée.

Que vaut pour le Canada cette promesse japonaise ? Comme il ne peut que laisser entrer et résider librement sur son territoire les Japonais qui y abordent, le succès de la mesure dépendra de la manière dont les fonctionnaires japonais appliqueront leurs règlements[1].

  1. De graves difficultés subsistent en Colombie britannique. Comment traiter les Japonais qui continuent d’arriver ? Le premier mouvement est de les mettre en prison et en effet on télégraphiait, le 21 février 1908, de Vancouver au Times qu’un certain nombre de Japonais débarqués à Victoria y étaient détenus pour infraction à la loi d’immigration votée par la législature provinciale. Mais le chief-justice a décidé que la loi provinciale sur l’immigration ne s’appliquait pas aux Japonais parce qu’elle va à l’encontre des traités, et deux des Japonais arrêtés ont été remis en liberté. Le gouvernement de la Colombie britannique va faire appel à la cour suprême. Le gouvernement de Dominion se trouve désarmé, entre les Japonais qui forts de leur traité ne veulent pas être inquiétés quand ils viennent directement du Japon, et la Colombie britannique qui cherche à empêcher les