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du traité avec le Japon. Par contre, le 25 septembre, à Vancouver, M. R. L. Borden, leader de l’opposition, disait qu’il était conforme au sentiment de tout Canadien, de faire passer avant tout calcul de commerce et de prospérité matérielle cette considération : « La Colombie britannique doit rester une province du Canada, dominée et gouvernée par des hommes en les veines de qui coule le sang des ancêtres anglais. »

M. Lemieux, ministre des postes du Canada, arriva vers la mi-novembre 1907 à Tôkyô pour essayer de régler cette question de l’immigration japonaise. Mais il était impossible que le problème fût définitivement réglé pour le Canada, sans qu’il le fût du même coup pour les États-Unis : les situations sont parallèles.

Le Canada était même en moins bonne situation que les États-Unis pour obtenir ce qu’il souhaitait. Lorsque, sur sa demande, il participa au traité anglo-japonais de 1894, qui primitivement ne s’appliquait ni au Dominion, ni à l’Australie, ni aux autres possessions anglaises, il accepta, sous son entière responsabilité, l’article I qui assure aux deux pays la libre entrée de leurs nationaux l’un chez l’autre, article que les Américains dans leur traité avec le Japon en 1894 eurent soin de modifier par une clause qui réservait aux deux pays le droit de réglementer l’immigration sur leurs territoires.

À moins de dénoncer ce traité et de courir les risques commerciaux et politiques d’une telle rupture, les Canadiens ne pouvaient que prier le Japon de bien vouloir arrêter lui-même l’émigration de ses nationaux vers le Dominion. En janvier 1907, M. Lemieux, rendit compte à la Chambre des communes de sa