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existait à Vancouver et aux alentours depuis longtemps, et il tient aux mêmes causes profondes qu’à San Francisco. Néanmoins les manifestations antijaponaises des deux villes se ressemblent trop pour que San Francisco n’ait pas servi de modèle. On savait avant les troubles que les diverses ligues antiasiatiques de la côte se concertaient avec celle de San Francisco. C’est une semaine après le mouvement antihindou de Bellingham dans l’État américain de Washington, en septembre 1907, qu’à l’issue d’une réunion tenue à Vancouver par la ligue antijaponaise et anticoréenne, les Blancs ont attaqué les boutiques japonaises et chinoises. L’émeute fut plus violente qu’à San Francisco ; les Japonais se montrèrent plus résolus à se défendre : armés de couteaux, de revolvers, de gourdins et de bouteilles, ils chargèrent la populace aux cris de Banzai[1].

Tout de suite il apparut que le Japon voulait ne pas créer de difficultés au Canada ou à l’Angleterre. Le comte Okuma, dans le Hochi Shimbun, rendit justice aux autorités canadiennes qui, d’après lui, avaient fait tous leurs efforts pour réprimer les troubles et protéger les Japonais ; il opposa cette attitude à celle des autorités de San Francisco, « centre de corruption et d’anarchie ». Le gouverneur général, earl Grey, et le Premier, sir W. Laurier se hâtèrent de télégraphier au maire de Vancouver pour l’inviter à

  1. Le 1er janvier 1908, nouvelle bagarre entre japonais et Blancs à Vancouver. Les Blancs inférieurs en nombre se sont enfuis, laissant plusieurs blessés, dont trois mortellement. Le Conseil municipal demande que les Japonais soient désarmés. Chaque nouvelle bagarre trouve les Japonais mieux organisés : après dix-huit mois d’antijaponisme, les Japonais, à Vancouver comme à San Francisco, se sentent mieux les coudes.