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nexe de l’Asie » est telle que l’antijaponisme à Vancouver est encore plus violent qu’à San Francisco[1]. Les Chinois sont au moins aussi nombreux, et les Hindous forment un autre élément important de la population. Les Asiatiques, dans ce pays plus d’une fois et demie grand comme la France, représentent déjà un dixième de la population et leur immigration n’en est qu’à son début. On comprend que naisse la crainte que la Colombie britannique ne reste pas une terre de Blancs. La construction du Grand Trunk Pacific Railway va ouvrir le nord du pays à la colonisation ; les Japonais vont s’offrir par milliers comme travailleurs pour la construction de la section montagneuse. Et l’on craint qu’ils ne s’installent définitivement et qu’ils ne colonisent la région à l’exclusion des colons blancs.

  1. Du 1er janvier à novembre 1907, 7700 Japonais débarquèrent en Colombie britannique et aussi 300 Chinois et 1900 Hindous ; ces Hindous viennent du Pendjab : pour la plupart, ce sont des Sikhs que l’ouest du Canada attire par son bon climat et ses hauts salaires. Ils ne quittent pas l’Inde à l’instigation de sociétés d’émigration : ceux qui ont réussi en Colombie britannique font venir leurs parents et amis, restés au pays. Mais, à leur entrée au Canada, ils sont encore plus durement traités que les autres Asiatiques. Tandis qu’on est tenu à quelque ménagement à l’égard des Japonais, avec ces sujets de l’Empire anglais l’impunité est entière : on fait tant de difficultés à les accepter que les compagnies de navigation se lassent de les amener. Même admis, ils n’en ont pas fini avec les épreuves : rejetés de Colombie britannique dans l’État américain de Washington, repoussés de nouveau au Canada, ils errent misérablement, parfois employés aux travaux de chemin de fer, souvent sans ouvrage. À la fin de 1907, le bruit courait parmi eux que l’ambassadeur anglais à Washington, Mr. Bryce, poussait les États-Unis à passer une loi excluant les Hindous, loi qui faciliterait leur exclusion du Canada. On devine l’effet que les récits des malheurs éprouvés par leurs frères du Canada, font sur les Sikhs du Pendjab, et quelle reconnaissance ils ont à l’Empire anglais de la sollicitude qu’il témoigne à ses sujets hindous.