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farines du Canada font concurrence aux bois et farines des États-Unis ; mais le Canada est plus gros acheteur que vendeur : une grande partie du thé, des soies grèges et pongées qui sont importés en Amérique passe par le Dominion. Aussi les Japonais opposèrent longtemps l’hospitalité et la générosité canadiennes aux mesures et sentiments antijaponais des États-Unis.

Le Canada accorde aux Japonais le droit de naturalisation et le droit de propriété. Les impôts y sont peu nombreux. Les sentiments des habitants diffèrent de ceux des Américains et ressemblent à ceux des Anglais. Je pense que, pour des Japonais, il vaut mieux émigrer au Canada que de se rendre aux États-Unis. Toutefois il faut faire attention à ce que les travailleurs d’une classe trop inférieure n’y viennent pas en grand nombre : on pourrait le regretter plus tard. Que des capitalistes japonais y développent des entreprises, c’est ce que nous désirons[1].

Pour bouder San Francisco, le prince Fushimi, l’amiral Yamamoto et les Japonais de marque qui vinrent dans l’est des États-Unis en 1907 repartirent au Japon par le Canada. Ils furent unanimes à louer ses richesses, l’attrait qu’il offre aux émigrants, l’importance pour le Japon, allié de l’Angleterre, de développer les relations…

Tout à coup, au Canada comme aux États-Unis, l’antijaponisme vient bousculer ces traditions et ces désirs de bons rapports.

Depuis plusieurs années, le sentiment local en Colombie britannique était aussi opposé à la venue des Japonais qu’à la venue des Chinois. La législature

  1. Mizutani Buyemon, op. laud.