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manquant, 20 seulement purent prendre passage[1]… Le 26 juillet, une certaine émotion était provoquée dans la Colombie britannique par le débarquement de 1200 Japonais : l’agent japonais qui avait fait venir ces immigrants déclara que, parmi ses 75 000 compatriotes fixés aux Hawaï, très peu étaient contents de leur sort : comme ils ne pouvaient plus entrer aux États-Unis, ils songeaient à émigrer au Canada[2]. Cette émigration est organisée par l’union japonaise des hôteliers d’Honoloulou. Chaque émigrant doit, avant de partir d’Honoloulou, payer 25 dollars, soit 125 francs, pour assurer les frais de son rapatriement au cas où son entrée au Canada serait refusée. Mais la loi sur l’immigration est appliquée avec modération, puisque sur les 1 800 immigrants débarqués le 26 juillet, 8 seulement ont été refusés ; les autres, admis au Canada, sont rentrés en possession de leur dépôt de 25 dollars. L’entrepreneur de cette émigration a déclaré qu’il amènerait autant de ces travailleurs japonais qu’on le voudrait[3].

Depuis un an, à mesure que les rapports entre les " États-Unis et le Japon se refroidissaient, la tradition

  1. Asahi Shimbun, 29 mars 1907. Les Japonais des Hawaï ont l’intention de se rendre au Canada.
  2. À défaut de l’étape trop surveillée Hawaï-États-Unis, les Japonais ont cherché à pénétrer aux États-Unis par le Canada. Le rapport du commissaire de l’immigration déclare que du 5 janvier au 5 juin 1907, 1494 Japonais furent admis aux États-Unis par la frontière américo-canadienne, sans compter naturellement tous ceux qui, à l’insu des agents, entrent en fraude par cette immense frontière. Depuis un an, la fraude bat son plein. Un télégramme du 19 novembre 1907 envoyé de Bellingham (Washington) annonçait que 10 Japonais qui venaient de Colombie britannique avaient été faits prisonniers par l’inspecteur de l’immigration et dirigés sur Seattle pour être renvoyés dans leur pays. En outre, 14 Japonais, qui se trouvaient illégalement dans le pays avaient été capturés depuis dix jours. La frontière de Blaine à Lumas (64 kilomètres) est surveillée, et, de juin à novembre 1907, 300 Japonais avaient été empêchés d’entrer.
  3. Comité de l’Asie française. Bulletin. Août 1907.