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même qu’à l’ouest, jusqu’à Singapoure, l’Angleterre semble vouloir céder la maîtrise de la mer au Japon ; à l’est, l’Angleterre encore ne paraît pas vouloir profiter de sa façade canadienne pour disputer aux États-Unis la thalassocratie du Pacifique nord.

Le Pacifique sud, que le canal de Suez a rapproché de l’Europe, est une mosaïque d’îles et de sphères d’influence européennes : hollandaises dans l’Insulinde, anglaises en Australie, Nouvelle-Zélande et Nouvelle-Guinée, allemandes aux Samoa et aux Bismarck, françaises à la Nouvelle-Calédonie, aux îles Marquises et de la Société. Le Pacifique nord, éloigné de l’Europe, est japonais et américain : les rares îles qui se détachent en plein Océan au nord du 10e degré de latitude, île de Guam, îles Hawaï, appartiennent aux États-Unis.

Régularité grandiose du plan ; symétrie des deux façades ; ressemblance de ces côtes ceintes de volcans, dominées de montagnes qui limitent des vallées closes et fertiles, au sol fréquemment secoué ; analogies de climat ; Américains ou Japonais ne sont pas trop dépaysés quand ils passent sur la côte en face. Tout est prêt pour les échanges d’hommes, d’idées, de marchandises. Courants et vents invitent aux voyages : sur le Pacifique nord, gigantesque manège, les flottes tournent suivant un rythme nécessaire.

Dans la zone boréale des alizés, le courant nord-équatorial trace une route royale d’Est en Ouest, des côtes américaines aux Philippines. Au contact de l’Asie, il se brise en deux bras ; l’un vers le Nord forme au large de Formose et des îles japonaises un courant encore chaud, le Kouro-Chivo, analogue à notre Gulf-Stream, et qui, retraversant le Pacifique