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tions : une loi récente défendait l’emploi de Chinois au fond des mines ; les compagnies minières, qui protestèrent, n’eurent gain de cause qu’en dernier ressort devant le conseil privé à Londres. Dans chaque famille, presque tous les serviteurs sont Chinois : pendant la saison de la pêche du saumon, de la mi-juin à la mi-septembre, beaucoup de ces domestiques quittent leurs places pour gagner de plus hauts salaires dans les fabriques de conserves, mais on leur refuse des licences de pêcheurs et de marins.

Les Japonais, rarement domestiques, sont maîtres d’hôtels ou employés dans les hôtels, manœuvres dans les camps de bûcherons, dans les scieries de bois, sur les chantiers de chemins de fer et des travaux entrepris par les municipalités. Naturalisés sujets britanniques, s’ils le veulent, après trois années de résidence, ils peuvent obtenir des licences de pêcheurs et de marins : un tiers des pêcheurs sont des Japonais[1]. L’entrée étant fermée aux Chinois, ce sont les Japonais qui, dans ce pays neuf et peu peuplé, où les syndiqués blancs ont de grosses exigences, profitent du besoin qu’on a d’une main-d’œuvre jaune. Les capitalistes, qui ont des intérêts dans les mines, dans les bois ou ailleurs, pensent qu’il serait à l’avantage de la Colombie britannique que plus de travailleurs chinois et japonais fussent admis. C’est aussi l’avis des maîtres d’hôtels et des tenanciers qui se plaignent

  1. « Il y a dix ans, la pêche du saumon dans la rivière Fraser (Colombie britannique) était monopolisée par les Blancs et les Chinois ; aujourd’hui les Japonais s’en sont emparés. Ayant été dans la région, je me suis rendu compte que les Japonais, qui gagnaient le moins, se faisaient 300 dollars. Quelques-uns, durant la saison de pêche, gagnent 3000 dollars. » Shinjin (février 1906), art. de M. Kosaki Hirokichi reproduit dans le Shinkoron de mars 1906.