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Malgré son patriotisme intense et son profond amour pour la terre du Soleil levant, le sujet du Mikado, n’est pas si différent du sujet du Kaiser qui, émigré aux États-Unis, devient en quelques années un admirateur enthousiaste de son nouveau pays, prêt à défendre tout ce qui est américain[1].

Mais l’Allemand est un Blanc, et qui aux États-Unis n’a jamais témoigné de grands sentiments de fidélité envers le Kaiser. Le Japonais est un Jaune, dont le patriotisme est exalté. N’est-ce pas encore le triomphe de l’idée japonaise qu’il veut assurer en demandant le droit à la naturalisation ?

Les Japonais perdraient-ils leur nationalité… : s’ils se réunissent pour fonder un village, une bourgade, il est évident que l’intérêt du Japon ne sera pas diminué. Que ceux qui en ont le désir partent de plus en plus nombreux à l’étranger : lorsqu’ils seront en possession d’une maison d’un bout de terrain, ils devront travailler à promouvoir influence japonaise, même en perdant leur première nationalité[2]… Ah ! sous de nombreuses lanternes, quand pourra-t-on fêter l’anniversaire de la fondation du « Nouveau Japon » ? Les Japonais des États-Unis demanderont alors au gouvernement du Mikado de bien vouloir conférer avec le gouvernement américain pour qu’ils obtiennent le droit de naturalisation. Ce sera la fin du mouvement antijaponais ; ce sera aussi le commencement de la fondation du « Nouveau Japon »[3].

  1. Kawakami, op. laud.
  2. Tôkyô Keizai Zasshi, 20 octobre 1906.
  3. Shinkoron, septembre 1905. Le Littoral occidental des États-Unis est en train de se japoniser, par M. Shinowara Yuho.