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nement entend les maintenir à l’étranger. Shin Nihon, Nouveau Japon, c’est sous ce nom que les journaux japonais groupent leurs nationaux établis sur la côte occidentale des États-Unis. De fait, c’est bien un noyau qui s’est détaché de la cellule du grand Japon, pour reformer aux États-Unis une cellule plus petite mais analogue de substance et de réactions : les marchandises que les émigrants, tant aux Hawaï qu’en Californie, font venir du Japon, l’argent qu’ils envoient, leurs retours fréquents au Japon et leurs groupements nationaux à l’étranger prouvent que le lien ne s’est pas desserré qui les unit à leur patrie. Le gouvernement du Japon ne témoignerait pas une telle sollicitude pour ses émigrants s’il n’avait la volonté et la confiance qu’ils resteront les hommes-lige du Mikado.

« Jusqu’à présent le gouvernement n’a jamais approuvé que des Japonais se naturalisent à l’étranger.[1] » Toutefois, par orgueil national et pour lutter contre l’antijaponisme, on conseille maintenant aux Japs, qui ne se sentent pas aimés des Américains, de ne pas faire comme les Chinois, mais de prendre les manières yankees ; et même pour calmer les appréhensions que font naître aux États-Unis ces émigrants patriotes et surtout gagner une réelle influence politique, on leur conseille de se faire naturaliser.

Quand des Italiens, des Allemands, des Irlandais, des Russes, des Espagnols, des Portugais ont le privilège de la naturalisation c’est insulter les Japonais que de le leur refuser, à eux seuls. Les Japonais estiment qu’ils sont un des peuples les plus civilisés du monde. Pourtant aux États--

  1. Tôkyô Keizai Zasshi, 20 octobre 1906.