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arrangée une coquille où vivre enroulée ; tout ce qu’ils imitent, ils l’infléchissent dans leur sens propre. Aux États-Unis, ils ne se laissent conquérir ni par la terre ni par l’âme du peuple : ils admirent des grandeurs, ils méprisent l’esprit. Eux qui ne se plaisent que dans leur nature retouchée, humanisée, ils ne se laissent pas griser par les espaces énormes et la nature vierge. En missionnaires patriotes, ils viennent aux États-Unis avec le mépris de l’idéal américain et n’étudient le matérialisme américain que pour lui dérober quelques recettes qui rendront riche et fort leur Japon.

Est-il prudent de la part des Américains de tolérer dans une des régions les moins peuplées de leur territoire, une communauté de Japonais plus disposés à l’hommage lige envers le Mikado qu’au respect de la Constitution américaine ? N’est-il pas contraire à leurs idées démocratiques d’accorder le droit de résidence et de naturalisation aux immigrants d’une race qui ne peut être assimilée ? Les Américains méditent cet oracle de Spencer[1] :

J’approuve entièrement les règlements américains destinés à entraver l’immigration des Chinois, et si cela était en mon pouvoir je réduirais ces immigrants le plus possible, car de deux choses l’une : que de nombreux Chinois aient la permission de s’installer en Amérique, ou bien, s’ils ne se mêlent pas aux Américains, ils formeront une race sujette, et sinon esclave, au moins presque esclave, ou s’ils se mêlent, ils formeront de mauvais hybrides. Dans les deux cas, que l’immigration soit importante, et

  1. Lettre au baron Kaneko Kentaro, op. laud.