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Américains estiment que le Japonais n’est pas assimilable, et que partout où il émigré, il conserve son caractère national et ses traditions.

Creuset immense, où si vite se fondent et s’allient en un peuple nouveau, tous les peuples d’Europe, comment l’Amérique désespère-t-elle si vite d’assimiler les Japonais ? L’histoire américaine ne s’inscrit-elle pas en faux contre les distinctions de races que les Européens se plaisent à établir entre eux dans leurs querelles de nationalités et d’impérialismes ? Naguère nos historiens pensaient qu’une nation sous un même gouvernement officiel, qu’un peuple parlant la même langue ou que des peuples parlant des langues qui s’apparentent pouvaient être dits de même race ; ce fut une mode, avec Taine et Renan, de disserter sur les caractères de la race grecque, de la race anglaise, de la race germanique, de la race slave, d’opposer les qualités des races aryenne et sémitique. Le Bureau statistique de Washington qui établit le Census décennal ne s’embarrasse pas de toutes ces théories ou distinctions : il ne recherche pas au delà de la seconde génération les origines d’un citoyen américain ; il accorde deux générations aux races d’Europe pour se fondre dans la masse américaine et pour perdre leur langue : parmi les éléments germaniques de la population des États-Unis il ne range que les personnes nées en Allemagne et la première génération des fils d’Allemands nés en Amérique. Dans les statistiques sur les îles Hawaï, tous les Européens rentrent dans le groupe Caucasians, par opposition aux Nègres et aux Jaunes.

Le peuple Américain est la preuve que les distinctions de race entre Européens ne sont que superfi-