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Japonais se réunirent en assemblée et décidèrent d’y établir une cité japonaise[1].

Et ces groupements japonais prennent très vite un aspect oriental :

Ces temps derniers, nos colonies des États-Unis ayant prospéré, les lanternes japonaises et les feux d’artifice japonais ont été à la mode. Cette année surtout, dans les lieux habités par des émigrants japonais, on aurait pris la fête de l’Indépendance américaine pour une fête d’Orientaux. Les journaux de Californie se sont demandé : est-ce une fête américaine ou une fête orientale ?… C’est l’aveu fait par eux de la prospérité des entreprises japonaises… Ce fut comme la proclamation d’indépendance d’un État asiatique… Ah ! sous de nombreuses lanternes japonaises, quand pourra-t-on fêter l’anniversaire de la fondation d’un Shin Nihon[2] ?

Pour ces émigrants, c’est le feu qui sur ces villages du Shin Nihon, du « Nouveau-Japon », projette le reflet du Daï Nihon, du Grand Japon d’outre-mer ; feu apaisé des lanternes ballonnées et gonflées de lumière laiteuse ; feu capricieux, éphémère des fusées d’artifice zébrant ou embrasant la nuit. Alors les exilés rêvent des soirs de chez eux où des foules flâneuses errent dans les rues des théâtres, s’écrasent sur la rivière Sumida et dans le parc d’Ueno.

En Californie, comme aux Hawaï, les Japonais vivent entre eux : les riches ont leur club ; les ouvriers s’entassent dans une même chambre ; c’est par équipes qu’ils travaillent ; le nombre des restaurants

  1. Manchyo, 21 septembre 1906.
  2. Shinkoron, septembre 1905. Le Littoral occidental des États-Unis est en train de se japoniser, par Shinowara Yuho.