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avaient été consacrés citoyens ». Or peuvent devenir un jour citoyens non seulement ces Chinois admis sur un faux témoignage, mais encore tous les enfants qu’ils veulent bien s’attribuer.

Le gouvernement américain s’est efforcé de restreindre ces fraudes par une entente avec le Canadian Pacific line dont les bateaux et le chemin de fer transportent les Chinois au Canada. Les Chinois, au débarquer, seront désormais remis à des officiers d’administration qui les dirigeront tout droit sur la frontière ; ils n’auront plus cette liberté de quatre-vingt-dix jours pendant lesquels le ring les dressait à la fraude. Il est vrai que si le passage par le Canada devient moins aisé, les Chinois passeront par le Mexique et il ne sera guère plus aisé de surveiller l’immense frontière du sud.

Les commissaires de l’émigration demandent qu’on leur donne le même droit d’appel que le prévenu et que plus d’un témoin soit nécessaire pour établir que l’inculpé est né aux États-Unis : en augmentant les frais du jugement, on diminuera assez peut-être les profits du ring pour qu’il cesse ses affaires. Enfin pour éviter les substitutions de personnes et permettre de poursuivre les fraudeurs, on adopte le système Bertillon des fiches anthropométriques avec l’empreinte du pouce. En dépit de toutes ces précautions, les Américains sentent qu’ils ont été dupés et qu’ils le seront encore[1] : exaspérés, ils sont durs à tous les Chinois, même à ceux que la loi autorise à

  1. Durant l’année fiscale 1906-1907, 503 Chinois qui se glissaient aux États-Unis par le Canada et surtout par le Mexique furent arrêtés ; 336 furent déportés. Seuls 961 Chinois, marchands, professeurs, etc., mais non coolies sont entrés régulièrement.