Page:Aubert - Américains et Japonais, 1908.pdf/19

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

miques, financiers, intellectuels. Commerçants et banquiers se visitent ; des instructeurs européens, des officiers vont en Chine et au Japon ; des étudiants chinois et japonais viennent en Europe. On veut se connaître : les langues, la pensée, l’art de l’Extrême-Orient attirent les savants et le public. Le succès de l’œuvre de Lafcadio Hearn qui toute sa vie prêcha la réconciliation est un signe des temps nouveaux. Dès lors, si nos possessions extrême-orientales sont à l’abri d’une offensive des Japonais et aussi des Chinois ; si notre main-d’œuvre n’a pas à redouter en Europe la concurrence d’immigrants japonais ; si nous pouvons échanger des marchandises et des idées sans craindre les heurts d’homme à homme, le temps n’est-il pas venu pour nous Européens de nier le péril jaune ? Tandis que les Européens d’Europe craignaient le voisinage de l’Asie, les Européens qui explorèrent l’Amérique du Nord se lamentaient que le Japon, la Chine et les Indes fussent si lointains. Malencontreusement, le continent américain avait surgi devant eux, alors que dans le sillage du soleil couchant et dans le sens des alizés, ils cherchaient, à l’Occident la route de la mer vers le Japon, la Chine et les Indes. Les premiers explorateurs continuèrent de croire — tant ils le souhaitaient — que la Chine et le Japon étaient sur le même continent que l’Amérique. Vers 1634, le marchand Jean Nicolet de Québec, qui, par les lacs, s’était avancé vers l’ouest jusqu’à Green Bay sur le lac Michigan, portait une robe de mandarin, car il s’attendait à débarquer sur une terre orientale et à rencontrer des Chinois. Ces explorateurs traitaient l’Amérique en terre de passage : ils tendaient vers Cipango ou Cathay. L’erreur découverte, après que