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La vie des deux pays se ressemble par l’audace, la croyance au progrès, par un élan de jeunesse. Les étudiants japonais sont assez aimés aux États-Unis ; on apprécie leur ambition d’éducation américaine et de se préparer ainsi à de hauts postes en leur pays. Au Japon, le jeune Samuraï peut difficilement gagner sa vie ; les guildes d’ouvriers l’en empêchent. Il vient alors aux États-Unis, en Californie surtout, où les high-schools et les universités l’accueillent gratuitement.

Et le Japon a son histoire : l’Américain se plaît à tirer des civilisations d’Europe et d’Asie l’impression de mystérieux passé. Du vieux Japon, on admire le Bushidô et l’esprit d’honneur ; le Shintoïsme et le respect des ancêtres, la révérence pour le Mikado, l’attachement à la terre japonaise ; le Bouddhisme, et ses légendes, ses temples, ses fêtes et sa pitié. Lafcadio Hearn a célébré le miracle de cette vie qui des siècles durant a été vécue loin de notre monde dans les îles japonaises ; il a délicieusement détaillé les charmes de cette coquille merveilleuse avant qu’on commençât de la briser, et Whistler sut en évoquer quelques reflets.

Les victoires japonaises furent pour les Américains de nouveaux motifs d’admirer. Sous l’armure moderne du soldat japonais, l’âme du vieux Japon faisait merveille : un héroïsme, un patriotisme, une discipline d’autrefois s’adaptaient aux armements, aux sentiments d’aujourd’hui. Sur les champs de bataille les Samuraïs usaient du téléphone et du télégraphe ; les soldats observaient les plus stricts soins d’hygiène et respectaient les morts[1].

  1. Sur la sympathie des Américains pour les Japonais pendant