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d’un écart entre deux civilisations ; il faut ménager la transition pour que les individus ne souffrent pas d’un phénomène économique, dont ils ne sont pas responsables. Les questions internationales du travail prendront leur place en diplomatie. Des traités de travail ajusteront entre elles des valeurs diverses de main-d’œuvre, comme les alliances ajustent des valeurs militaires, et les traités de commerce des valeurs économiques.



N’est-il pas temps qu’une Conférence internationale vienne régler les questions d’immigration et d’émigration que l’on a trop longtemps abandonnées aux intérêts des Compagnies privées de transports ? C’est le vœu qu’exprime M. Sargent, le commissaire général de l’immigration, dans son rapport pour 1906-1907. Mais autant une telle conférence serait utile pour régler les migrations humaines à travers l’Atlantique, entre l’Europe et les États-Unis, autant elle serait impuissante à régler l’immigration japonaise aux États-Unis. Ou bien elle n’établira pas de différence entre l’immigration japonaise et l’immigration européenne et elle méconnaîtra la notion de race qui, aux États-Unis, suffit à les distinguer, ou bien elle admettra que les deux immigrations ne se ressemblent pas, et les Japonais ne souscriront pas à ses décisions, car ils veulent être traités comme des Européens. Les Américains, dans leur politique d’immigration, n’ont pas la même logique que les Australiens qui ferment leurs portes non seulement aux Jaunes mais encore à presque tous les Blancs.