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peur de l’esprit d’association et du talent d’imitation des Japonais. Si elles réussissent à leur fermer le chemin de la grande industrie, les Japonais ne créeront-ils pas eux-mêmes des industries où ils n’emploieront que des Japonais ? Déjà leurs capitalistes montent des entreprises agricoles ; à quand des industries urbaines ? Assurés d’une main-d’œuvre bon marché, sans droits d’entrée à payer, ils concurrenceront les Américains chez eux. Déjà l’on compte, dans les villes de la côte, les grands magasins tenus par des Japonais, et à West Berkeley il existe une brasserie japonaise. Autrefois les Juifs dominaient l’industrie des souliers et ils employaient des Chinois ; petit à petit les Chinois ont acheté les fabriques et en ont expulsé les Juifs : même expropriation pour les cigares. Les Japs, excellents imitateurs, ne sont-ils pas autant à redouter que ces Chinois ?

Désirant obtenir des informations sur l’influence des Japonais dans les métiers du bâtiment, un Dr Carl Saalfield soumit à des architectes et entrepreneurs japonais les plans d’une maison qu’il voulait faire construire. Il trouva que les Japonais de San Francisco exerçaient déjà les trente-quatre métiers nécessaires à la construction d’une maison moderne,

    50 p. 100 inférieurs (Japanese and Korean Exclusion League, 1er janvier 1907).

    Lors d’une enquête récente, on compta 286 boutiques de cordonniers et savetiers japonais à San Francisco. 25 boutiques environ ont été ouvertes depuis l’enquête. Chaque boutique a son boss et un apprenti, parfois deux ou trois ; on les voit travailler à six heures du matin et encore à dix heures du soir. Ils font payer leur travail le plus cher qu’ils peuvent, excepté quand ils sont à proximité d’un concurrent blanc. Alors les prix sont diminués de moitié, jusqu’à ce que la concurrence cesse. — Hayes, House of Représentatives, 13 mars 1906.