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pour servir le free lunch et nettoyer le bar ; chez les coiffeurs, ils remplacent les Nègres pour cirer les souliers.

En juillet 1906, le Police Department de San Francisco fit une enquête sur les Japonais qui habitaient le district limité par Van Ness Ave., Steiner St., Market St. et la Baie. Ils trouvèrent 651 Japonais résidant dans des boarding houses ou des missions religieuses, et dont ils ne purent savoir la profession : « Invariablement la réponse donnée dans ces endroits où des troupeaux de Japonais étaient entassés, fut que tous étaient des visiteurs et non des résidents. On ne peut obtenir de renseignements sur les domestiques, car les patrons refusent d’admettre qu’ils emploient des serviteurs japonais. » Les enquêteurs trouvèrent en outre 64 Japonais employés dans des bazars, 33 dans les restaurants, 30 cordonniers, 2 docteurs, 19 fruitiers, 23 barbiers, 8 épiciers, 17 employés dans des banques, 21 tailleurs, 9 garçons de salles de billards, 11 employés dans l’ameublement, 4 dans la papeterie, 25 dans des agences de placement, 10 dans le blanchissage, 3 dans le fer-blanc, 3 dans la bijouterie, 10 dans des maisons de bain, 11 dans la boulangerie, 9 dans des établissements de biens fonciers, 2 charpentiers, 2 fleuristes, 15 nettoyeurs de maisons. En tout 982 personnes[1].

Encore qu’indirectement menacées, les unions ont

  1. On estime à 3 000 le nombre des Japonais employés comme cuisiniers, garçons de boarding houses, de saloons, de restaurants japonais. Ils travaillent de dix à quatorze heures les sept jours de la semaine : le Blanc ne travaille que six jours et que huit heures par jour. Or tandis que les cuisiniers blancs reçoivent de 15 à 25 dollars par semaine, les garçons de 12 à 15 dollars et les aides de 8 à 10 dollars, les Japonais reçoivent des salaires de 40 à