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de 10 000 Japonais par an ; l’immigration japonaise se présente tout comme jadis l’immigration chinoise. Avant que la Californie soit envahie, il faut aviser.

La situation n’est pas exactement en Californie ce qu’elle est aux Hawaï. Aux Hawaï, autour d’une culture tropicale, en un climat semi-tropical, il n’y a jamais eu de lutte sérieuse entre les Blancs trop peu nombreux et les foules jaunes ; en Californie, au climat et aux cultures tempérés, les Blancs, en majorité, ne le céderont point sans lutte aux Japonais. Mais la lutte les inquiète. Perdre une situation prépondérante en Californie serait plus douloureux pour les Blancs que de n’avoir jamais pu l’acquérir aux Hawaï.

La concurrence que les Japonais font aux petits fermiers des Hawaï pour le sucre, le café, les bananes, les ananas, ils la font aux petits fermiers de Californie pour les primeurs, les fleurs ou les fruits. Et, curieux de nouveautés, ambitieux d’apprendre, ces Japs des Hawaï, aussi vite qu’ils peuvent, de l’état de coolies se haussent aux métiers qualifiés. Charpentiers, maçons, plombiers, ferblantiers ou peintres ; tailleurs et cordonniers ; cuisiniers, pâtissiers, domestiques, les Japonais ne laissent aux Blancs que le monopole des métiers les plus qualifiés ; encore ne cessent-ils de progresser vers ces métiers, car ils sont toujours disposés à recevoir les conseils et à exécuter les ordres des Blancs dédaigneux du travail manuel et soucieux surtout de concevoir et diriger[1].

En Californie, l’évolution est parallèle ; les progrès japonais sont les mêmes, moins marqués peut-être,

  1. Sur tout ceci, cf. ch. II, pp. 78-82.