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japonais de San Francisco est fort opulent. Plus vite qu’aux Hawaï, où ils sont plus nomades, les Japonais en Californie achètent des terres, lancent des entreprises. M. Ishii, directeur du service commercial au ministère des Affaires étrangères et qui fut chargé en 1907 d’une longue enquête officielle sur la situation de ses compatriotes aux États-Unis et au Canada, a pu dire que la question japonaise en Amérique n’est pas seulement une question de coolies et de main-d’œuvre mais encore une question de capitalistes et de propriétés. Les acquisitions foncières des Japonais inquiètent assez l’opinion pour qu’au début de mars 1907 la seconde Chambre de la Législature californienne ait voté une loi prohibant la tenure des terres par des étrangers pour plus de cinq ans, à moins que ces étrangers ne se fassent naturaliser. Comme les Japonais, même s’ils le veulent, ne peuvent devenir citoyens américains, la propriété foncière et permanente leur eût été défendue, si la mesure n’avait été rapportée à la demande du président Roosevelt, en échange des restrictions mises à l’émigration.

Équilibrer les Japonais par des Chinois, neutraliser leur influence, en laissant rentrer les Chinois aux États-Unis, telle est la solution des capitalistes californiens : c’est aussi la solution des planteurs hawaïens. Mais le président Roosevelt a proclamé très haut que la formation d’un nouveau servage jaune, au profit de Blancs aristocrates qu’il ne tolérerait pas aux Hawaï, d’où on ne peut maintenant exclure les Jaunes sans ruiner King Sugar, il la tolérera encore moins en Californie où les Blancs sont la grande majorité.