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gnie des fruits n’accorde aucune aide aux entreprises des Blancs, mais possède de grands intérêts dans les entreprises japonaises qu’elle soutient. Voilà pourquoi ces entreprises se sont prodigieusement développées[1].

Du côté de Santa Rosa, un riche Japonais, propriétaire de vignobles où travaillent des Japonais, est appelé « le Baron » ; tel autre est « the Potatoe King », et emploie continûment plus de 100 Japonais[2].

Même esprit d’entreprise, même réussite, dans les villes, chez les commerçants et capitalistes japonais. À Seattle des marchands japonais tiennent des établissements fort importants. L’un d’eux, M. Hattori, est membre de la Chambre de commerce. À Portland, M. Ban est entrepreneur de travaux de chemins de fer… À San Francisco,

  1. Rapport du Bureau of Labor de Californie (1906), cité par l’Osaka Asahi du 20 mars 1907. Cf. p. 148, les projets formés par M. Kinzaburo Gada d’installer 1 000 fermiers japonais sur ses terres du Texas. Au Texas toujours, plantations de M. Onishi Rihei : « Il est actuellement au Japon où il cherche trente familles pour le suivre en Amérique », de M. Mayumi, près de Beaumont. « À Lufkin (Texas oriental), M. Endo Otokichi fait venir des Japonais des îles Hawaï… Dans le Texas occidental M. Okasaki Tsunekichi cultive le coton et la canne à sucre », etc. (Tôbei Zasshi ; 10e année ; n° 7. Art. de M. Katayama Hisomu, cité par Shinkoron, mars 1906). Voici le récit d’un planteur qui a réussi : « Durant les quatre dernières années, je me suis habillé pauvrement et me suis coiffé de misérables chapeaux. J’ai parcouru les plaines non cultivées. Quoiqu’il arrivât ailleurs, je n’y prêtais pas attention. Mon corps et mon cœur ont été consacrés entièrement à la culture du riz. Comme cette culture c’était toute ma vie, je suis, des vingt-quatre personnes qui jusqu’ici l’ont pratiquée, celui qui a le mieux réussi. C’est parce que j’ai mis la main à la besogne et de toute mon énergie. » (La Culture du Riz au Texas, par Nishiwasa Seito. Jitsu gyo no Nihon, 15 mars 1907.) Les journaux de ces derniers mois renseignent très souvent le public sur les entreprises des Japonais en Amérique, citent surtout leurs réussites, encouragent et félicitent les initiatives.
  2. Tôbei Zasshi. Article de M. Katayama Hisomu, cité par Shinkoron, avril 1906.