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douleur à qui les gamins font des misères, et depuis sa victoire, son attitude est de plus en plus arrogante. Les Américains sentent qu’il ne les admire pas aveuglément et ils s’en froissent. Le Japonais a l’air de se moquer du monde avec un calme qui irrite les nerfs yankees. Il semble toujours vous dire : « Ce n’est pas la peine que je te réponde : tu es trop bête » sur un ton qui rend l’humilité chinoise beaucoup plus sympathique. Les Japonais sont aussi plus exigeants et ils attendent le pourboire. Vous les froissez en leur parlant de devenir hommes de peine ; ils sont artistes, ouvriers non pas. Un fermier de Santa Rosa demande à un bureau de placement japonais des hommes pour déraciner des arbres. Le bureau répond : « Je vous fournirai des hommes pour scier le bois ; mais adressez-vous à des manœuvres italiens pour déraciner vos troncs. »

Domestiques ou employés, les Japonais, ne sont pas sûrs. Ils quitteront leur patron sans avertissement préalable et sans se soucier de ses intérêts, chaque fois qu’ils estiment que c’est leur intérêt. De même le marchand américain se plaint que le Japonais ne soit pas un vrai commerçant. Sous prétexte de corriger la justice par l’équité, il manque souvent de scrupule dans l’exécution des contrats, et les reproches d’improbité que leur a adressés le milliardaire Rockfeller ont fait leur chemin.

L’entrepreneur américain se plaint que Le Japonais est paresseux, ivrogne, impérieux. C’est qu’il a souvent affaire avec des chômeurs qui viennent des Hawaï où un système de demi-esclavage les a dépravés. Et le temps est passé, aussi bien en Californie qu’aux Hawaï, où l’on pouvait traiter les coolies