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ouvriers du fer et de quelques autres industries ; le procès intenté à l’ex-maire Schmitz et à Abraham Ruef a révélé la corruption du Board of Supervision qui se faisait acheter par des corporations les concessions pour les services publics. Ces exigences des unions font le succès de la main-d’œuvre japonaise.

Sans cette main-d’œuvre la récolte des fruits, qui déjà pour moitié pourrit sur les arbres, ne se ferait plus ; les bras manqueraient pour les terrassements ; les employeurs seraient encore davantage à la merci des syndicats. Comment donc parmi les grands propriétaires et les capitalistes se trouvent-ils des antijaponais ?

C’est que ces Japs don’t keep their place ; le malheur avec ces races inférieures, c’est qu’elles ne savent jamais rester à leur place. Même difficulté avec les Nègres : depuis quarante ans qu’ils sont affranchis et citoyens, ne s’avisent-ils pas de faire comme les Blancs, de refuser les travaux pénibles, de se vêtir de couleurs claires, d’aller à la ville se montrer, de préférer la flânerie au travail et de prétendre à l’égalité ? S’ils étaient restés des esclaves obéissants, de bons serviteurs dévoués corps et âme, avec le sens le plus humble et le plus respectueux des distances, reconnaissants des faveurs que la bonté naturelle des maîtres ne peut manquer de leur dispenser ; s’ils ne s’avisaient pas d’étudier, de prétendre à d’autres métiers que les métiers manuels, et même d’avoir l’audace d’aller dans les universités chercher une culture désintéressée, il n’y aurait pas de problème nègre.