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agréments sont ordinairement verbaux. Les Japs sont payés 1 dollar ou 1,10 par tonne de betteraves qu’ils font pousser, qu’ils arrachent et qu’ils chargent[1] ». De même pour les travaux de chemins de fer[2], — les Japonais sont terrassiers à l’ouest des États-Unis dans les États de Washington, Oregon, Idaho, Utah, Nevada, comme les Italiens le sont à l’est, — c’est l’organisation sous un boss qui les fait rechercher des employeurs. Il est avantageux pour un propriétaire de ranch ou pour un directeur de chantier de traiter avec un contremaître qui garantit un travail déterminé. Les unions d’ouvriers blancs voient si bien dans cet esprit d’organisation un danger, que les ennemis de M. Hearst, pour le discréditer auprès de sa clientèle ouvrière, ont fait courir le bruit qu’il employait des Japonais dans son ranch californien.

Cette inquiétude des syndicats ne peut qu’encourager les patrons à employer des Japonais : pour les capitalistes, le Jap est l’antidote au poison syndicaliste. Alors qu’aux Hawaï, où les Japonais dominent

  1. Second Report on Hawaï. Bulletin of the Department of Labor, n° 47, Washington. July 1903.
  2. Le sixième des Japonais qui se trouvent aux États-Unis travaillent aux chemins de fer. À la fin de 1906, ils étaient 13 716. La moyenne de leur salaire quotidien varie de 1 dollar 30 à 1,70. En supposant qu’ils reçoivent par jour 1 dollar 50 et qu’ils travaillent 330 jours par an, ils gagnent chacun un salaire annuel de 495 dollars. Le montant total de leurs salaires est 6 789 420 dollars. Actuellement, comme les Japonais ne sont pas assez nombreux, leur salaire est de 1 dollar 50 au minimum. À l’époque de la cueillette des fruits, il s’élève à 2 dollars. » (Osaka Asahi, 20 mars 1907.) Le terrassier qui travaille aux chemins de fer en Washington, Oregon, etc., et l’agriculteur ou l’artisan de Californie sont deux types de Japonais assez différents : le premier rude, simple, assez soumis ; le second plus débrouillé, plus exigeant aussi.