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vendanges faites, ils restent encore 2 000[1]. » Peu à peu ils monopolisent l’industrie du fruit, à Vacaville, où ils sont 3 000 pendant l’été et 1 200 pendant l’hiver, l’industrie des graines dans la Santa Clara County et des pommes et des baies à Watsonville dans le Santa Cruz County. « De nombreux Blancs, il y a quelques années, trouvaient plaisir et profit à travailler dans les vergers. Aujourd’hui les 2 000 Japonais qui y sont employés en ont exclu les Blancs[2]. »

Ce qu’il faut aux propriétaires de ranches c’est pendant deux ou trois mois de l’année une main-d’œuvre soigneuse, mais temporaire, qui vient pour la récolte ou la cueillette, puis s’en va. Les Blancs se dérobent ; le Japonais nomade se présente en foule pour ce travail simple et qui ne dure que quelques semaines.

L’avantage de la main-d’œuvre japonaise tient non seulement à son abondance possible, à son bon marché, à sa régularité et à son ingéniosité, mais aussi au goût qu’elle a de l’association. Des Hawaï, où le travail par contrat, pratiqué déjà par les indigènes, a été perfectionné par les Chinois, les Japonais apportent cet usage en Californie, et là, comme aux Hawaï, ambitieux qu’ils sont et forts d’un lien de race, contre l’individualisme dispersé des Blancs, victorieusement ils font masse. Dans la vallée Pajaro, « tout le travail des champs est fait par des Japonais qui cultivent par contrat. Le système est analogue à celui qui est pratiqué aux Hawaï, sauf que les

  1. Osaka Asahi, 20 mars 1907.
  2. Hayes, House of Representatives, 13 mars 1906. Des Coréens, venus des Hawaï, commencent d’apparaître dans les ranches du sud de la Californie.