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de vergers, les constructeurs de chemins de fer, bref les capitalistes ne verraient pas d’un mauvais œil une forte immigration japonaise. Ils manquent de bras pour cultiver leurs champs, cueillir leurs fruits, construire leurs routes et leurs chemins de fer, faire fructifier leur capital. Les maîtres de la terre, grands propriétaires, syndicats ou fermiers, ont un aristocratisme de planteurs. En Californie l’origine des fortunes est moins l’industrie, comme dans l’est des État-Unis, que la spéculation. Sucriers des Hawaï, prospecteurs heureux, spéculateurs sur les bois, constructeurs des transcontinentaux, tous ces magnats s’accommoderaient fort bien, comme sur les plantations de coton du Sud, ou les plantations de sucre des Hawaï et des Antilles, d’un rôle de bons maîtres commandant à une main-d’œuvre de race inférieure, de peau teintée. Faute de Nègres, ils s’adressent aux Jaunes, et sans doute qu’ils y trouvent leur compte, à en juger par l’activité des leurs agents pour débaucher les Japs des Hawaï, les lier par un contrat de travail et les importer en Californie[1].

Comme cultivateurs, les Japonais ont de sérieuses qualités, et l’Amérique agricole les attire. La raison en est donnée par un M. Kinzaburo Gada, créateur de rizières au Texas, où il veut importer mille fermiers japonais[2].

  1. Cf. chapitre II, pp. 99-100. Il est difficile de faire une enquête sur les Japonais en Californie : « Ceux qui les emploient n’aiment pas qu’on sache le nombre de leurs employés et les salaires payés. Quelques-uns même nient qu’ils emploient des Japonais, alors même qu’ils le font au su de tout le monde. »
  2. Interview dans le Taiwan Nichi Nichi Shimpo, Taihoku, Formose. Cité dans Monthly consular and trade reports. May 1905, n° 296, Washington.