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que les premiers explorateurs et pionniers eurent commencé de prendre possession du continent, « la mer Vermeille où est la Californie par où l’on peut aller au Japon et à la Chine » se nimbe d’or ; on marche dans le sillage du soleil couchant ; on rêve de tous les Eldorados du Pacifique, de Cipango surtout « isle en Levant[1], en la haulte mer, loing de la terre ferme mille cinq cents milles, moult grandisme isle… Les gens sont idolâtres et se tiennent par eux, et si vous dy qu’ils ont tant d’or que c’est sans fin, car ils le trouvent en leurs isles », puis c’est en Californie même que l’on découvre l’Eldorado rêvé et, par milliards, le fabuleux métal. À l’or de la Sierra Nevada vient s’ajouter le mercure de New Almaden, le pétrole de Los Angeles, Ventura, Santa Clara ; et aussi l’étain, le borax et l’asphalte : la vieille réputation du Pérou de Pizarre est surpassée. Dès que l’on commence de parler d’exploitation agricole dans ce pays de mines, quels espoirs ! Quelles descriptions de cette Pacific coast favorisée des dieux où il fait bon vivre et où l’on s’enrichit ! Terre à blé et pays d’arbres géants, — 44 700 milles carrés de forêts, réserves précieuses pour un pays qui a gâché la plupart de ses bois ; — climat merveilleux, indifférent aux latitudes, mûrissant aussi tôt et aussi bien des oranges à 400 milles au nord de San Francisco qu’à 500 milles au sud, à Oroville qu’à San Diego, qui, sur le même acre de terre, réunit tous les produits de Nouvelle Angleterre et de Floride et ombrage de palmiers et d’orangers les pelouses de Sacramento, à la latitude du sud de l’Illinois. D’avril en octobre, sur

  1. Description de Marco-Polo.