Page:Auber - De la fièvre puerpérale.djvu/71

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

causer de la métrite, les autres de la péritonite ; ceux-ci de la lymphangite ; ceux-là de la phlébite, de l’infection putride ou de l’infection purulente ou de tout autre chose, mais il n’est venu à l’idée d’aucun des immortels d’aborder franchement, traditionnellement, la question de la fièvre puerpérale, c’est-à-dire de la fièvre causée par les lochies et par le lait, fièvre essentielle, s’il en fut jamais, pouvant effectivement revêtir une foule d’aspects différents et donner lieu à des résultats infiniment variés, mais restant toujours la même au fond en dépit de ses formés les plus bénignes ou les plus pernicieuses. En un mot, tout le monde est resté nonchalamment et piteusement sur le seuil et les dépendances de la question !… Aussi a-t-on entendu encore le docteur Amédée Latour s’écrier avec amertume et cette fois avec désespoir :

« En vérité, mes frères, je vous le dis : les temps approchent ! Tous tant que nous sommes, et plus ou moins, nous conspirons, pour en hâter la venue. Quels sont ces temps ? Ceux où le public, ne croyant plus à notre médecine que nous nous complaisons à détruire nous-mêmes, nous tournera le dos pour aller vers ceux qui lui disent : Nous croyons nous autres ; et nous avons non-seulement la foi, mais la puissance, nous traitons le malade et nous guérissons la maladie… Tandis que nous, frères, que disons-nous ? Assistez à nos discussions académiques et surtout à la discussion actuelle, et, dites-le moi, que voulez-vous que pense, que voulez-vous que fasse le public en présence de ces négations affligeantes qui pleuvent de tous côtés ?… Nous en sommes arrivés à ce degré que celui-là qui doute le plus, qui nie le plus, qui ridiculise le plus agréablement les croyances des autres est le vrai sage, le véritable savant, le plus habile médecin. Et remarquez que c’est de la bouche de ceux qu’on appelle les maîtres que sortent les plus tristes paroles de désespérance ! Les ardeurs généreuses de la jeunesse,