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tombez aussitôt sur un terrain tellement meuble et désagrégé, que toute végétation y est impossible.

» La fièvre puerpérale met en présence deux doctrines qui se croient opposées : la doctrine des localisateurs et celle des essentialistes. Eh bien ! ni localisateurs ni essentialistes n’ont jusqu’au bout le courage ou plutôt la logique de leur opinion. Les localisateurs, après avoir minutieusement décrit toutes les altérations anatomiques de la maladie, s’arrêtent court et s’empressent de s’abriter : celui-ci sous le drapeau de la diathèse, celui-là sous la couverture commode de l’aptitude morbide, ce troisième sous le paletot complaisant du génie épidémique. Les essentialistes, de leur côté, accusent des retours imprévus vers les connaissances tirées de l’examen des organes, et au moment où vous les croyez carrément engagés dans les voies de l’essentialité morbide, soudain vous les voyez prendre la bifurcation qui conduit à la localisation anatomique. Nulle part on ne rencontre une conviction nettement et vigoureusement soutenue ; mais partout, au contraire, on ne voit que marche incertaine conduisant à des transactions inattendues !… Et il faut renoncer à comprendre le premier mot de la pathologie générale, si les localisateurs généralisent comme MM. Beau et Cazeaux, et si les essentialistes localisent comme MM. P. Dubois et Cruveilhier. »

Certes, voilà bien un tableau de maître, et pourtant on se demande encore si M. Amédée Latour a tout dit, ou s’il n’a pas craint au contraire de traiter la question trop au vif ? La vérité est que la compagnie a présenté un spectacle bien affligeant !

On a parlé de tout excepté de la fièvre puerpérale ! Les uns ont cru la voir où elle n’est pas, les autres n’ont pas voulu la reconnaître là où elle est. Ce n’était qu’élucubrations vertigineuses, engagements excentriques, impatiences puériles, et puis rien ! Les uns se sont passé la fantaisie de