Page:Auber - De la fièvre puerpérale.djvu/62

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

fièvre domine les inflammations. Toutefois cet effet isolé est de courte durée, attendu que tout se lie, que tout s’enchaîne dans l’économie, les fonctions allant en cercle (euntes in circulum), comme disait Hippocrate. Voici ce que c’est qu’une fièvre essentielle au point de vue hippocratique.

Une fièvre essentielle est une fièvre provoquée par une ou plusieurs des causes qui agissent primitivement sur les centres généraux de la vie ; c’est-à-dire sur le cerveau et sur les plexus nerveux ; sur le cœur et sur les gros vaisseaux, qui deviennent ainsi, non pas le siège de la maladie (comme le prétendent les Cnidiens), mais les agents de la réaction vitale, comme l’enseignent les hippocratistes.

Parmi ces causes, les unes paraissent agir primitivement sur le solide vivant, ce sont : les émotions en général, les vives impressions morales, les commotions physiques, les vicissitudes atmosphériques, les surcharges électriques de l’atmosphère, le calorique, la lumière, le froid. Les autres semblent porter particulièrement leur action sur les liquides et sur les humeurs de l’économie : ce sont toutes les causes infectieuses et délétères qui pénètrent par les voies de l’absorption et circulent avec le sang qu’elles vicient : tels sont les virus, les venins, les contages, les miasmes nosocomiaux, les exhalaisons putrides, les effluves paludéens, les humeurs altérées… et par conséquent, le lait épanché et les lochies résorbées, ces sources vraies de la fièvre puerpérale dédaignées aujourd’hui ! Voilà ce qu’on entend par une fièvre essentielle.

Et il est regrettable que des hommes éminents, que des professeurs chargés de faire des élèves, c’est-à-dire des prosélytes à la tradition scientifique, aient plus ou moins perdu de vue l’esprit de cette question fondamentale… la fièvre !

En somme, et pour revenir à M. le professeur Velpeau, il résulte de nos impressions qu’il a fait un discours-princeps ;