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redoutables, si la fièvre ou le tolle général de l’organisme, ne venait mettre un terme à ce désordre, comme fait l’adénite dans le cas précédent ?

M. Velpeau rappelle ensuite avec justice et opportunité, les beaux travaux de MM. de Castelnau et Ducrest, qui démontrent que l’injection du pus dans les veines, à petites doses répétées, a pour effet de produire tous les accidents de l’infection purulente. Nous demanderons encore pourquoi les lochies ou le lait résorbés n’en feraient pas autant ? Le pus, dit M. Velpeau, agit beaucoup plus par sa mauvaise qualité que par sa quantité. Il empoisonne le sang, et c’est à cet empoisonnement du sang qu’il faut rapporter les suppurations énormes qui leur succèdent. On a vu des foyers considérables se former en vingt-quatre heures au milieu des tissus sains. On s’est demandé comment une goutte de pus absorbée pouvait en très peu de temps déterminer partout des foyers considérables. MM. Dumontpallier et Ternier ont répondu par avance à cette question dans leurs thèses remarquables. « Le pus, ont-ils dit, engendre le pus. » Or, il y a bien là quelque chose qui rappelle la fermentation sur laquelle M. Bouillaud insistait il y a trente ans. Sous l’influence des ferments ou du pus, tout l’individu entre en suppuration, et avec des apparences inflammatoires souvent si minimes que l’hypothèse du dépôt de pus en nature ne nous surprend pas.

Avant de terminer, nous demanderons à M. Velpeau la permission de lui faire observer qu’il ne paraît pas avoir une idée bien nette et surtout bien médicale de ce que les hippocratistes entendent par ces mots fièvre essentielle.

Il est de fait que les hippocratistes admettent en principe que la fièvre essentielle précède toute lésion appréciable ; mais en insistant sur l’absence de cette lésion, comme sur une des conditions principales de la fièvre essentielle, ils sont loin de regarder cette fièvre comme un être de raison