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la question est difficile à résoudre, même pour les plus habiles, lorsqu’ils veulent tout dire avec indépendance et loyauté.

M. Cazeaux fait observer d’abord que tous les auteurs sont d’accord sur les symptômes et les caractères anatomiques de la fièvre puerpérale, et qu’il ne reste plus par conséquent qu’à interpréter la signification des uns et des autres, et qu’à rechercher quelle est la nature de la fièvre puerpérale. Oui, sans doute, et sous ce rapport M. Cazeaux a cent fois raison ; mais qu’il le sache bien, c’est précisément ce qui reste à établir qui constitue l’œuvre difficile et ingrate ! Summum officium, labor improbus ! Et voilà sans doute pourquoi l’Académie elle-même n’a pu encore jusqu’ici atteindre ce résultat si désirable ! La fièvre puerpérale appartient, selon M. Cazeaux, aux phlegmasies, et par ses symptômes et par ses caractères anatomiques ; toutefois elle emprunte une gravité notable au génie épidémique.

La fièvre puerpérale est le produit d’un état puerpéral caractérisé par une altération profonde des liquides de l’économie, et notamment par une altération du sang, dont la modification primitive est la cause active de tout le désordre. C’est dans l’économie de la femme en couches, c’est dans l’altération de ses liquides et particulièrement du sang, qu’il faut chercher la cause de l’affection puerpérale. L’altération du sang consiste, d’une part, dans la diminution des globules de fer et de l’albumine, et, de l’autre, dans l’augmentation de la fibrine et de l’eau. Voilà l’aptitude morbide qui livre la femme en couches à l’influence de toutes les causes morbifiques, et l’on meurt d’une viciation de sang comme on meurt de l’altération des solides. C’est cette altération du sang qui développe la prédisposition puerpérale, l’aptitude, comme l’appelle M. Trousseau, la diathèse, comme l’a nommée M. Beau. Elle explique pour-