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fièvre puerpérale. M. Béhier énumère ensuite les chiffres sur lesquels il fonde son opinion. Il résulte de ces chiffres qu’en quatre ans, à son hôpital, 855 femmes sont accouchées ; que sur ce nombre 542 ont offert les signes décrits du côté des annexes de l’utérus, et qu’enfin 67 ont succombé ; soit donc une femme morte sur 12 accouchées. J’avoue, messieurs, s’écrie M. Trousseau, qu’en voyant une mortalité aussi inattendue dans un service placé dans les meilleures conditions hygiéniques, je suis quelque peu effrayé et ne sais à quoi cela peut tenir ? En effet, si la mortalité relevée par M. Béhier dans son service était proportionnellement égale pour toute la France, savez-vous ce qui arriverait ? Sur 900 à 950 mille femmes qui accouchent annuellement il en mourrait 80,000 par an et il ne faudrait pas cinquante ans pour que la France ne fût plus qu’un désert !…

Heureusement ce fait ne se réalisera pas, M. Trousseau le sait bien et, par conséquent, on ne peut guère lui tenir compte d’avoir levé ce lièvre dans le champ de son disciple et ami, dont le talent est reconnu de M. Trousseau comme par tout le monde. Ajoutons que M. Béhier a parfaitement répondu dans ses lettres médicales aux réflexions de son maître ; qu’il a complètement justifié sa statistique et enfin qu’il a prouvé qu’il n’avait jamais perdu plus de malades que les autres chefs de service d’accouchement.

M. Trousseau a cru pendant quelque temps qu’il possédait un traitement excellent contre la fièvre puerpérale… mais de tristes revers éprouvés en 1856 sont venus le désabuser complètement, et il avoue franchement qu’il n’a plus rien à dire de la supériorité de sa méthode ! En revanche, il exécute du même coup les traitements préconisés par ses collègues, et, frappant d’estoc et de taille, il reproche à quelques-uns d’avoir pris souvent la grenouille pour la femelle du crapaud ; il compare assez ironiquement certain confrère à un homme à qui l’on proposerait un duel et qui répon-