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le savant pathologiste a insisté, avec une raison profonde tout expérimentale, sur cet admirable travail qui a lieu peu de temps après l’accouchement et qui, vers la cinquantième heure, est accompagné d’un mouvement fébrile, de la congestion sanguine des glandes mammaires et de la sécrétion du lait ?… Peut-être en réfléchissant mûrement, et sans aucun mélange de philosophie (ce qui pourrait troubler ses habitudes), à ce phénomène puissant et à ce liquide par excellence, le lait, M. Trousseau parviendra-t-il à trouver dans l’altération de ce liquide la cause spécifique de la fièvre puerpérale ? Peut-être aussi découvrirait-il que toute la série des états puerpéraux si largement décrits par M. Piorry n’est que le résultat de l’infection de l’économie causée par les lochies ou par le lait, comme on le pensait il y a soixante ans, avant l’avénement des théories hétérogènes de Mercier et de Prost soutenues depuis par Gasc, Désormeaux et consorts ! Toujours est-il que, en ce moment, l’Académie présente ce singulier spectacle : que personne ne s’entend au sujet de la fièvre puerpérale par cela même que chacun veut subordonner la cause et l’état de la fièvre puerpérale à celui des symptômes de cette affection qui lui semble prédominer, et qui se prête le mieux à ses petites observations et à ses grandes utopies !… C’est ainsi que lorsque l’esprit de la science ne surnage plus à la surface des eaux, tout se perd sous leur mouvement et disparaît avec elles !

Il y a dans le discours de M. Trousseau un fait qui piquera vivement l’attention ; ce fait vient à la suite de l’appréciation d’une statistique présentée par M. Béhier… Pour M. Béhier dit M. Trousseau, tout procède de la plaie utérine ; quand elle va bien tout va bien ; quand cette plaie suppure sans qu’il y ait résorption, c’est la fièvre puerpérale. M. Béhier donne une description très exacte des signes auxquels on peut reconnaître cette phlébite à son début, et il croit qu’en s’en rendant maître on peut étouffer dans son germe la