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riens, n’a pas fait vibrer tout l’auditoire des hautes et fortes notes de l’histoire ? Pourquoi, enfin, on a pu compter tant de sourds et tant de muets alors qu’il s’est agi d’une question qui s’étend des entrailles du genre humain aux entrailles mêmes de la médecine ? Ah ! c’est que l’instruction, l’esprit et la faconde ne suffisent pas encore pour aborder sérieusement les choses qui engagent la réputation et la conscience ; c’est que pour résoudre avec honneur de pareilles questions, il faut non-seulement posséder de grandes lumières, mais posséder avant tout une foi vive, profonde, intime et chaleureuse en la science qu’on professe ; or c’est précisément ce fruit de la grâce scientifique qui manque absolument à la plupart des hommes qui marchent aujourd’hui à la tête de la médecine !.. Ils ne croient pas !…

Au moment de livrer ce manuscrit, nous recevons l’article suivant, textuellement extrait du journal la Patrie (27 mai 1858) :

« Depuis trois mois les journaux de médecine regorgent de discussions sans fin sur la fièvre puerpérale, et il en résulte que les plus célèbres et les plus savants ignorent jusqu’au premier mot des causes et des remèdes de cette épidémie, de cette contagion, ou de cette maladie non contagieuse… Tant d’interminables disputes, tant de formidables chocs n’ont pas même produit une étincelle de lumière ! On s’est pris de bec, passez-moi cette expression, qui peut seule bien faire comprendre ce qui s’est passé in docto corpore… On a débité des phrases ronflantes et savantes en grec et en latin ; on s’est critiqué l’un et l’autre, on a même plaisanté et ri ! Plaisanter et rire d’un fléau et de pareille ignorance ! Mais, du reste, la question n’a pas fait un pas, point un seul ! On en est resté au sacramentel, « et voilà pourquoi votre fille est muette ! » de Molière ; le tout