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Nous allons maintenant jeter un dernier coup d’œil sur le tableau placé au commencement de ce chapitre, et examiner l’influence de l’âge sur les diverses formes de la folie. Ici, les termes de comparaison nous manquent complétement. Réduit à nos propres chiffres, qui ne sont pas très élevés, nous n’oserons dans la plupart des cas donner nos conclusions comme certaines, mais, satisfait d’avoir posé ce premier jalon, nous laisserons à d’autres le soin d’arriver à des résultats plus positifs.

Pour la manie, qui occupe le chiffre le plus élevé, l’âge de 35 à 40 ans prédomine ; ensuite celui de 31 à 35. Il y a une proportion assez forte de maniaques entre 21 et 25. Le nombre diminue au-dessous de cet âge, de même qu’il s’éteint graduellement au-dessus de 50 ans. Nous en avons trouvé qui ont moins de 20 ans ; ce chiffre assez considérable nous fait voir que la manie n’est pas aussi rare dans la première jeunesse qu’on le croit généralement : le plus jeune de nos malades n’avait que 11 ans. M. Ferrus en a vu d’un âge moins avancé ; M. Esquirol en cite un de 8 ans ; mais personne, que nous sachions, n’en a trouvé à l’âge de 2 ans, comme Joseph Franck paraît l’avoir rencontré.

Pour la monomanie, le maximum occupe une période un peu plus avancée que celle de la manie, c’est-à-dire l’âge de 41 à 45 ans. Les autres malades sont répartis plus ou moins inégalement. On en trouve 16 au-dessus de l’âge qui donne le maximum, et 21 au-dessous. Nous ferons remarquer qu’il n’y en a point au-dessous de 20 ans ; ce qui est tout à fait