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Nos résultats, comme on le voit dans ce tableau, diffèrent de ceux de M. Leuret, puisque notre maximum correspond à l’âge de 30 à 40 ans. Ils diffèrent aussi de ceux de M. de Boutteville, puisque pour lui c’est la période de 40 à 50 qui présente le plus d’aliénés. Celle de 20 à 30 est aussi, à l’inverse de son calcul, supérieure à celle de 50 à 60 ans ; mais dans les deux échelles de proportion, c’est la période avant 20 ans qui a le moins d’aliénés ; c’est du reste le résultat auquel M. Leuret était déjà arrivé.

Le nombre d’aliénés sur lequel nous avons opéré n’est pas assez élevé pour infirmer d’une manière rigoureuse ce que MM. Esquirol et Leuret ont avancé sur ce point, cette question ne nous paraît donc pas définitivement résolue ; il y a peut-être dans ces calculs des causes d’erreur que nous ne connaissons pas, et nous laissons à d’autres le soin d’éclairer plus complètement ce sujet. Mais de quelque côté qu’existe la vérité, nous ne dirons pas à priori, comme le fait M. Parchappe, que l’âge viril doit être celui qui prédispose le plus à l’aliénation mentale, parce que c’est l’âge des passions et des excès, celui où les causes de la folie ont une plus grande énergie. Il est vrai qu’elles sont plus actives et plus fréquentes à cette époque de la vie ; mais l’âge avancé n’est point à l’abri de certains excès sensuels : le vieillard résiste moins, et la cause la plus légère peut amener chez lui un trouble cérébral.

Ceci établi, qu’il y a un plus grand nombre d’aliénés à l’âge viril, nous nous sommes demandé s’il n’en serait pas de même pour les maladies autres que l’aliénation mentale. On conçoit toute l’impor-