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qu’un dixième dépassait 60 ans ; c’est moins qu’à Paris, comme on voit, et moins qu’en Norwège.

Nous avons vu que la folie avait son maximum de fréquence entre 30 et 40 ans ; mais de ce qu’il y a à cet âge un grand nombre d’aliénés, en conclurons-nous qu’il constitue une prédisposition à l’aliénation mentale ? C’est une question qui mérite de nous arrêter, et sur laquelle on est loin d’être parfaitement d’accord. MM. Esquirol et Leuret, qui ont comparé l’âge de 12,869 aliénés à l’âge de dix millions d’individus pris dans l’Annuaire du bureau des Longitudes, ont avancé, contrairement aux autres, que c’était la vieillesse qui donnait proportionnellement le plus grand nombre de fous. Nous allons laisser parler M. Esquirol.

« Pour déduire des conséquences rigoureuses du nombre absolu des aliénés relativement aux âges, il ne suffit pas de constater qu’il existe numériquement plus de fous âgés de 30 à 40 ans ; il importe de rechercher et de connaître le nombre des fous comparé à celui de la population de chaque âge.

« Pour cela, nous avons constaté l’âge de 12,869 aliénés, observés à Bicêtre, à la Salpêtrière et à Charenton. Nous avons classé ces 12,869 individus d’après leur âge, et nous les avons rapportés à une échelle d’où il est résulté des quantités géométriques qui permettent de saisir d’un coup d’œil le nombre et la différence des aliénés dans chaque âge, de comparer ce nombre et ces différences, et de les soumettre même à des proportions mathématiques. Cette même opération a été faite sur